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Premier janvier 2010: je commence un nouveau journal. Je vais essayer de le mettre à jour tous les lundis ou mardis soirs. With sometimes summaries in English.

lundi 10 janvier 2011

Le voyage à Tokyo







Mercredi 5 janvier 2011 Je présente le film du ciné-club. C'est Le voyage à Tokyo ( 1953 ) de Yasujiro Ozu avec Chishu Ryu, Chieko Higashiyama et Setsuko Hara. Un vieux couple de japonais quitte la petite ville d'Onomichi, à 700 km au sud de Tokyo, pour aller voir ses enfants installés dans la capitale. Ils vont successivement aller chez leur fils Koichi, médecin, leur fille Shige, coiffeuse, leur belle-fille Noriko, employée de bureau, et leur plus jeune fils Keizo établi à Osaka. Ils vont, aussi, voir leurs petits enfants. Malheureusement, le rythme du travail s'est accélé, au Japon, depuis la fin de la guerre et aucun de leurs enfants n'a de temps à leur consacrer. Pour se débarrasser d'eux, ils les envoient à Atami, une station balnéaire à une centaine de kilomètres au sud de Tokyo. Un peu déçu, le vieux couple rentre à Onomichi... Le projet d'Ozu est de décrire avec le plus de précision possible, les relations parents-enfants, au Japon, en 1953. Il aligne une suite de scènes du quotidien à l'intérieur de cadres prédéfinis. La caméra ne bouge pas: c'est une fenêtre ouverte sur le monde. A l'intérieur de cette fenêtre, on assiste à une successions de rituels. Chacun joue sa partition, chacun sait où il doit se placer et ce qu'il doit dire. Mais la parole rebondit contre l'Autre. Le réalisateur évacue tout sensationnel. Lorsque la vieille dame commence à pleurer chez Noriko, elle détourne pudiquement la tête et Noriko éteint la lumière. Au sommet de son art avec ce film, Yasujiro Ozu supprime les fondus enchaînés, les fondus au noir, les travellings ( il n'y en a qu'un seul dans le film ), les panoramiques. Sa caméra est placée à la hauteur des yeux d'une personne assise sur un tatami pour mieux capter les conversations intimes. Le spectateur est sollicité pour comprendre ce qui se passe vraiment à travers les actes et les paroles prononcées, pour comprendre la pensée réelle de chacun. Comme le souligne Gilles Deleuze " Yasujiro Ozu construit une oeuvre, dans le contexte japonais, qui réussit à rendre visibles et sonores le temps et la pensée." Un chef d'oeuvre du cinéma mondial. Un de mes dix films préférés de tous les temps. + + + + +

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